Voyage dans les musiques du Maroc avec les musiciens de Safi

Publié le par Sylvie

Invités toute la semaine passée à Ploemeur par l’association el Kantara en partenariat avec la Ville, les musiciens de l’orchestre de Safi ont offert au public d’Océanis un voyage plein de surprises dans les différents styles musicaux du Maroc.
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C’est lieu commun de dire que la Maroc est un pays de contrastes. C’est pourtant une juste réputation qui découle sans doute de sa situation géographique, carrefour entre Orient, Occident et Afrique saharienne. Si aux oreilles du néophyte européen, la musique marocaine offre avant tout la séduction de l’exotisme, elle a révélé samedi soir par l’entremise de l’orchestre de Safi qu’elle est en réalité plurielle. Le public d’Océanis en a fait l’expérience haute en couleurs lors d’un véritable voyage musical guidé par Ahmed, celui qu’à mots discrets ses camarades musiciens appellent le « rais » (le chef en langue arabe).
Ce concert s’est ouvert par un morceau interprété par de jeunes musiciens de l’école de musique Maurice Ravel accompagnés par leur professeur, Marc Ferrer, qui ont eu l’occasion cette semaine d’échanger avec les visiteurs sur leur passion commune, la musique. Puis sont entrés en scène, dans leurs djellabas de lumière et coiffés d’un tarbouch rouge, Ahmed, Abdou et Lahcen pour les percussions (derbouka, tambourin, etc..), Mohammed, joueur de luth (l’oûd), Youness au rebab (instrument à deux cordes utilisé dans la musique arabo-andaouse), Azzedine et son violon virtuose, et encore Hachmi (violon) et Chawki (alto). La découverte a commencé par celle de leurs instruments, avant d’interpréter un morceau avec les jeunes de Ploemeur, puis d’aller plus avant dans les répertoires gnawa, berbère, arabo-andalou, oriental, séfarade, malhoun, et bien d’autres encore. Jusqu’au point d’orgue de l’enivrante musique soufie.
Par l’extrême qualité des musiciens de l’orchestre de Safi, l’amoureuse présentation des musiques du Maroc faite par Ahmed, la parenthèse pour les yeux et l’esprit de contempler leur assise sur scène et leur plaisir d’être là, cette soirée était une occasion rare de s’ouvrir à l’écoute d’un patrimoine sonore différent du nôtre. Un art ancré dans la société marocaine et son rapport particulier au temps. Ce concert s’est achevé à minuit sous les applaudissements enthousiastes du public. Une aventure de partage par le vecteur de la musique appelée à se poursuivre dans d’autres échanges à venir. Inch Allah !

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Le Off
Tout a commencé par l'envie de cette association de mettre une fois de plus à l'honneur la culture des pays arabophones. La recherche de musiciens s'est faite par le réseau établi de relations et plus précisément, Mohammed Idali, IMG_4258-1.JPGcalligraphe marocain habitant Morlaix. Ce qui lui fait dire par boutade que les Arabes ne se sont pas arrêtés à Poitiers. Mohammed a suggéré de contacter des musiciens de Safi. Ce qui fut fait et après moult mails, quelques copains tous passés par le conservatoire de Safi se sont constitués en formation tout exprès pour cet événement. Et ce pour répondre au souhait d'El Kantara d'offrir un panel des musiques marocaines et de ne pas se cantonner à un style. Pour éviter de lasser un public non averti. Le résultat fut ce concert au terme d'une semaine de résidence de ce groupe à Ploemeur, émaillée de nombreux moments d'échanges, surtout avec des musiciens d'ailleurs. Car comme dit le dicton, quand deux musiciens se rencontrent, qu'est-ce qu'ils se racontent.... Autour de la table, on a parlé aussi du malaise pour les immigrés des pays arabophones en France, tous assimilés aux affreux islamistes intégristes qui font tout sauter. Une réputation évidemment sans nuance et lourde à porter pour tous ceux, nombreux, parfaitement intégrés dans la société et la culture française, qui ressentent un durcissement de l'attitude des Français. On a parlé éducation, langues, amour. On a aussi partagé ces intérêts pour d'autres cultures. Bref, un vent d'ouverture balayant au loin la monotonie conditionnée de la vie quotidienne sclérosée par préjugés et habitudes pour beaucoup.

Publié dans musique

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